Jamais autant d’électricité n’aura été produite à partir de panneaux photovoltaïques et d’éoliennes dans notre pays. Mais il va falloir adopter un rythme de déploiement plus soutenu si l’on veut atteindre nos objectifs de décarbonation.
2024 est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire des énergies renouvelables en France. Barrages hydrauliques, panneaux solaires, éoliennes terrestres et en mer ont fourni pour la première fois 148 térawattheures (TWh) de production électrique, permettant ainsi d’assurer 32% de la consommation électrique totale du pays contre 30% en 2023. La filière a aussi installé 6 gigawatts (GW) de capacités supplémentaires en 2024. Ces chiffres sont issus du 15ème Observatoire des Énergies renouvelables publié par Observer’ER, une association soutenue financièrement par la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) et l’Agence de la transition écologique (Ademe).
Le photovoltaïque, moteur de la croissance
Dans le détail, l’hydroélectricité constitue toujours le socle de la production puisqu’elle assure 48% du total des énergies renouvelables. Viennent ensuite l’éolien terrestre et en mer (30%), le photovoltaïque (15%), ainsi que la biomasse et géothermie (7%). Cependant, en termes de dynamique, c’est le photovoltaïque qui l’emporte largement, alors que la filière accusait du retard en 2021 par rapport à la précédente programmation pluriannuelle de l’énergie qui fixe les objectifs de déploiement.
Le redressement du solaire a été spectaculaire. «Cette filière est le vrai moteur de la progression. Elle dépasse même pour la première fois l’hydraulique en termes de capacités installées avec plus de 25 180 mégawatts (MW)», explique Frédéric Tuillé, directeur des études d’Observer’ER. «Cela s’explique par le développement des panneaux solaires sur les grandes toitures et le boom de l’autoconsommation».
La situation est moins réjouissante concernant l’éolien avec un retard de 3 gigawatts (GW) de capacités fin 2023. Mais le décrochage remonte à 2020 et il paraît difficile dans ces conditions d’atteindre entre 35 et 40 GW d’ici fin 2028. C’est surtout l’éolien terrestre qui accuse le coup, pâtissant notamment d’un manque d’acceptation sociale. Même les projets de repowering ont du mal à se monter, alors qu’ils consistent à renouveler des installations en fin de vie avec du matériel plus puissant.
Ces difficultés montrent que la partie n’est pas gagnée d’avance pour que les énergies renouvelables assurent 35% de la production électrique en 2030 comme prévu. Les coupes budgétaires dans les aides aux collectivités locales et les attaques récentes de certains politiques contre l’Ademe ne créent pas non plus un climat favorable à l’accélération du déploiement dans les années à venir.